L'agenda de Biden au Moyen-Orient, la normalisation des relations saoudiennes avec Israël et le marché de l'énergie

9:26 - July 09, 2022
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Téhéran(IQNA)-Dans les prochains jours (du 13 au 16 juillet), Joe Biden entamera son premier voyage en tant que président des États-Unis au Moyen-Orient, et visitera l'Arabie saoudite et les territoires occupés.

Bien que Biden, lui-même, ait nié toute forme de discussion avec les autorités saoudiennes sur le marché de l'énergie, selon les experts, en plus du marché de l'énergie, d'importantes réunions auront lieu entre les responsables américains et saoudiens, sur les problèmes régionaux importants comme l’accord nucléaire avec l'Iran et la guerre au Yémen, entre les responsables saoudiens, américains et sionistes.

Le Professeur Mark Furness, expert en affaires internationales et chercheur à l'Institut allemand pour la politique de développement (Deutsches Institut für Entwicklungspolitik), dans un entretien avec l'Agence iranienne de presse coranique (IQNA) sur le prochain voyage de Joe Biden au Moyen-Orient et ses effets, a déclaré : « Malgré le déni de Biden, en plus du problème énergétique qui pourrait réduire ses chances de réélection, Biden tentera d'encourager l'Arabie saoudite à normaliser ses relations avec Tel-Aviv ». 

Faisant référence à la guerre en Ukraine, il a déclaré : « Il semble que les principales raisons de ce voyage soient liées à des problèmes géostratégiques. La Russie a envahi l'Ukraine et les relations avec la Chine sont tendues. Cette visite montre que l'Arabie saoudite est un allié de longue date et reste un partenaire stratégique des États-Unis. Compte tenu de la situation géopolitique mondiale actuelle, les objections morales au régime saoudien, en matière de droits de l'homme, sont devenues marginales pour les États-Unis. De plus, les prix de l'énergie ont monté en flèche à cause de la guerre avec la Russie. D'une part, cela est bon pour les États-Unis qui seront les principaux fournisseurs d'énergie de l'Europe dans les prochaines années, mais d'autre part, le prix élevé de l'énergie provoque une inflation qui nuit aux chances de réélection de Biden. Le prix élevé du pétrole et du gaz a largement neutralisé l'effet des sanctions financières contre la Russie. Par conséquent, bien que Biden ait déclaré qu'il ne cherchera pas à augmenter la production, il y aura probablement beaucoup de discussions sur la manière de ramener les prix de l'énergie à un état gérable, non seulement avec les Saoudiens mais aussi avec les autres membres de l’OCI et les pays du Golfe persique. La CNN a annoncé que l'avion du président américain (Air Force One) volera directement de Tel-Aviv à Djeddah, et c'est un signe symbolique. Les Émirats arabes unis et le Maroc ont normalisé leurs relations avec Israël, et les Iraniens surveillent de près l'évolution des relations saoudo-israéliennes. J'ai lu que les Américains serviraient de médiateur au rapprochement des relations israélo-saoudiennes, mais je ne vois rien d'important. Après tout, l'Arabie saoudite et Israël ont un réseau de communication en coulisses, assez actif, sur leurs intérêts communs ».

Concernant le point de vue de l'Europe sur le voyage de Biden en Arabie saoudite, la poursuite de la guerre en Ukraine et d'éventuels accords qui bénéficieront à l'Europe, il a déclaré : « Je n'ai pas de commentaires spécifiques des dirigeants européens sur ce voyage de Biden. Je pense que les Européens comprennent la logique géostratégique de ce voyage. Deux autres aspects que les gouvernements européens sont susceptibles d'accueillir favorablement, sont la possibilité de remettre l'accord sur le nucléaire iranien sur les rails - bien que cela soit probablement très faible - et la poursuite du cessez-le-feu au Yémen, que certains médias ont attribué à la volonté de Mohammed ben Salman, qui ont fait bonne impression sur Biden. Bien sûr, tout résultat qui ferait baisser les prix de l'énergie profiterait à l'Europe. Il ne faut pas s'attendre à un miracle dans les relations irano-saoudiennes. Je ne pense pas que les relations entre Téhéran et Riyad, seront bientôt normalisées, même si j'ai entendu qu'il y a eu des appels récemment. Les États-Unis seraient heureux que les Saoudiens et les Iraniens négocient, mais tout le monde semble se préparer à un nouvel équilibre régional où le JCPOA ne sera plus sur la table et devra essayer de contenir l'Iran. En ce qui concerne le Yémen, il est peu probable que la guerre se termine bientôt. Le conflit est à l'ordre du jour des pourparlers de Djeddah et certains médias ont rapporté que Mohammed ben Salman était impliqué dans la prolongation du cessez-le-feu, ce qui, je pense, doit être le résultat de certains contacts avec Téhéran. Biden essaiera de faire des progrès sur les deux questions, mais il ne faut pas s'attendre à des miracles ». 

Cet expert en relations internationales a confirmé la médiation de l'Europe concernant les négociations entre l’Iran et les États-Unis et a déclaré : « L'Union européenne et les gouvernements européens ont tenté de ramener les Etats-Unis à la table des négociations  et ils continueront à le faire, car sans les Etats-Unis, il n'y aura pas d'accord. Le problème est que l'Arabie saoudite, Israël et les États-Unis veulent maintenir l'Iran isolé et faible ».
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